L'art d'empocher - Snooker
- la-rubrique
- 19 avr. 2018
- 10 min de lecture
Nous nous sommes tous déjà retrouvés devant un match de Snooker que ce soit dans un pub britannique, ou même affalé sur notre canapé un dimanche après-midi. En revanche, très peu d’entre nous y ont prêté attention. L’objectif de cet article est de vous faire découvrir les principaux jeux de billard et tout particulièrement le Snooker, afin que vous puissiez suivre plus facilement les compétitions de Snooker à venir. Si certains en doute, nous allons vous prouver au cours de cet article que le Snooker est bel et bien un sport qui demande une forte concentration et un mental d’acier.

Tout d’abord connaissez-vous les quatre principaux jeux de billard ? Tentons de les découvrir ensemble :
Le billard 8-pool ou le blackball : Il se joue au minimum à deux joueurs avec 16 billes (7 jaunes, 7 rouges, 1 noire et 1 blanche). Les règles sont simples, chaque joueur ou équipe devra empocher les sept billes de son groupe de couleur (rouge ou jaune), puis la numéro huit (noire) pour gagner la partie.
Le billard américain : Joué avec 15 billes numérotées et une blanche. Différentes variantes existent mais les règles restent toutes aussi accessibles. Ils existent trois modes de jeux, le plus connu étant :
La huit : Chaque joueur ou équipe doit empocher toutes les billes de son groupe (cerclées ou pleines) avant de pouvoir empocher la huit (noire).
Le billard carambole ou billard français : Il peut se jouer seul ou à plusieurs avec 3 billes (1 blanche, 1 blanche pointée et 1 rouge) et se joue sur une table de billard sans poche. Plusieurs règles existent également, mais la plus simple et la plus jouée consiste à toucher en un seul coup la bille pointée et la rouge à l’aide de la bille blanche. Le but étant de faire la plus longue série possible et être le premier à atteindre 300 points.
Le Snooker
Présentation du Snooker
L’histoire du Snooker :
Le jeu de billard Snooker a été créé dans les années 1870 à Jabalpur en Inde. Chamberlain, un colonel anglais décida d’introduire des billes de couleurs au billard traditionnel, qui comprenait 15 billes rouges et une noire.
Le nom de Snooker a été donné à ce nouveau jeu de billard car c’était le nom donnait à une recrue d’un an dans l’armée britannique. En anglais le mot Snooker a différentes significations, pouvant être facile à piéger, mettre dans une situation impossible ou dans l’embarras.
Aujourd’hui extrêmement populaire en Grande-Bretagne, en Asie et dans quelques pays européens (Belgique, Autriche, Allemagne, etc.), le Snooker se pratique en France seulement depuis quelques années. Il en fait cependant le billard le plus médiatisé dans notre pays depuis la diffusion des principales compétitions par Eurosport.
L’essentiel en quelques mots :
La grande dimension de la table (environ 3,8 mètres sur 1,8 mètre) et les règles qui semblent compliquées freinent le plus souvent les jeunes joueurs. Alors que le Snooker peut vite devenir addictif et ludique.
Le Snooker est donc un jeu de billard se jouant à deux joueurs ou par équipe de deux et fait partie de la famille des billards à poches (6 poches). Il se joue avec un total de 22 billes (15 billes rouges, 1 jaune, 1 verte, 1 marron, 1 bleue, 1 rose, 1 noire et 1 blanche), chacune ayant des points différents lorsqu’un joueur empoche une de ces billes :
Billes rouges (chacune 1 point)
Bille jaune (2 points)
Bille verte (3 points)
Bille marron (4 points)
Bille bleue (5 points)
Bille rose (6 points)
Bille noire (7 points)
Au vu de l’importante dimension de la table de Snooker, le joueur peut être amené à utiliser des rallonges ou reposoirs pour effectuer certains coups. Le croisillon permet d’améliorer la visée et le coulissement de la queue du billard. L’araignée permet de passer par-dessus une bille sans la toucher et enfin l’éléphant sert à passer par-dessus plusieurs billes. (Voir photo ci-dessous)

Les règles du jeu :
Chaque partie de Snooker commence par ce que l’on appelle l’ouverture. À ce moment, le joueur peut placer la bille blanche n’importe où dans le « D » (voir photo ci-dessous). Au Snooker, il est quasiment impossible d’empocher une bille lors de l’ouverture, l’objectif est au contraire de toucher les billes rouges sans trop les éparpiller et de faire revenir la bille blanche à son point de départ. L’adversaire sera donc gêné pour toucher à son tour une des billes rouges c’est ce qu’on appelle "Snooker" son adversaire (rendre son coup le plus injouable possible). Chaque joueur cherchera à trouver la position de Snooker lors de coups défensifs pour mettre en difficulté son adversaire.

Le but du jeu est de réaliser le plus de points possibles en alternant empochage d’une bille rouge et d’une bille de couleur (la couleur devra être annoncée par le joueur à l’arbitre ou à son adversaire avant de la jouer). Si aucune bille n’a été empochée alors le joueur laisse la place à son adversaire. Cependant le joueur ayant la main, devra obligatoirement toucher une bille lors de chaque coup. Une bille rouge s’il prend la main ou s’il vient d’empocher une couleur, et une bille de couleur s’il vient d’empocher une bille rouge. Si entre temps une bille d’une autre couleur est touchée ou si le joueur ne touche aucune bille alors il y aura faute (voir ci-dessous pour retrouver les différentes fautes possibles au Snooker).
Nous nous sommes tous déjà demandés pourquoi l’arbitre repositionnait les billes de couleurs après empochage. La raison est simple, en effet tant qu’il y a présence de billes rouges sur la table, les billes de couleurs reprennent leur place sur le tapis après chaque empochage.
Au Snooker, différentes actions sont susceptibles d’occasionner une faute, offrant à l’adversaire des points (allant de 4 à 7 points). Les principales fautes sont :
Aucune bille n’a été touchée
La bille blanche est empochée
Une des billes est expédiée hors de la table
Le joueur touche en premier une bille qu’il ne devait pas jouer
Le joueur empoche une bille qu’il ne devait pas jouer
Jouer un « coup poussé », c’est-à-dire lorsque la queue, la bille blanche et une autre bille sont en contact simultanément.
Déroulement d’un match en compétition :
Un match de Snooker est divisé en manche « frame » et en jeu « game ». Un jeu étant le nombre de manche d’une partie.
Une manche est gagnée lorsque toutes les billes sont empochées, ou qu’il ne reste que la noire sur la table et qu’il y a plus de sept points de différence entre les deux joueurs ou équipes.
Dans une manche, le break maximal que peut faire un joueur est de 147 points (quinze rouges suivies de quinze noires puis des billes colorées restantes). C’est une chose rare, qu’il n’est pas commun de voir même chez les professionnels.
En compétition, le joueur ayant gagné le plus de manches remporte le match. Chaque tournoi est libre d’établir le nombre de manches gagnantes nécessaires pour remporter un match. Cependant, plus le tournoi est important et plus le stade de la compétition sera avancé et plus le nombre de manches gagnantes sera important. Par exemple, la finale des championnats du monde se joue en 18 manches gagnantes.
Les compétitions de Snooker :
Chaque année des compétitions de Snooker sont organisées à travers le globe. Les trois tournois les plus prestigieux (Triple couronne) étant :
Les Championnats du monde (World Championship) créés en 1927 qui rassemblent les seize premiers du classement mondial et seize autres qualifiés et a actuellement lieu au Crucible Center à Sheffield (Angleterre) au mois d’avril. C’est le tournoi le plus prestigieux du circuit en termes de prestige et de prix (430 000 € pour le vainqueur et deux millions d’euros de dotation en 2017).
Les Masters (The Masters) de Snooker créés en 1975 regroupent les seize premiers du classement mondial et se déroulent au West Center Hotel de Londres en janvier. Le vainqueur se voit remettre un chèque de 230 000 € et la dotation globale est de 685 000 € en 2018.
Les Championnats du Royaume-Uni (UK Championship) créés en 1977 sont depuis 1984 ouverts à toutes les nationalités, pas seulement aux résidents britanniques. Il se déroule chaque année dans une ville du Royaume-Uni au mois de décembre. Les dotations sont de 970 000 € et le vainqueur remporta quasiment 200 000 € en 2017.
Notons que les résultats des Masters n’intègrent pas le classement mondial, en raison du fait qu'il exclut une grande partie des joueurs du circuit. Avec les Championnats du monde et les Championnats du Royaume-Uni, neuf autres tournois constituent les onze étapes de la saison mondiale de Snooker (Riga Masters, Indian Masters, World Open, European Masters, International Championship, Northern Ireland Open, Scottish Open, Snooker shoot-out, China Open) pour la saison 2017/2018. Un classement est établi après chaque étape, le numéro 1 mondial est celui qui arrive en tête de ce classement. Quoi qu’il arrive au cours des Championnats du monde 2018, Mark Selby remportera ce classement et conservera sa place de numéro 1 mondial.
Les plus grands joueurs :
Les joueurs qui ont mis un terme à leur carrière :
Joe Davis, c’est le père du Snooker moderne et un des plus grands joueurs de tous les temps. Il aide à organiser les premiers Championnats du monde en 1927, il devient le premier champion du monde de Snooker et il récidivera cette performance à 15 reprises.
Fred Davis, jeune frère de Joe Davis, Fred a remporté à 8 reprises les championnats du monde (deuxième total le plus élevé). Sa carrière professionnelle est impressionnante de longévité, 64 ans (entre 1929 et 1993).
John Pulman, a remporté également 8 fois le titre de Champion du monde dans les années 1960 faisant la transition avec la domination des frères Davis.
Stephen Hendry, un des meilleurs tout simplement, lors de sa carrière professionnelle (1985-2012) il a pu établir différents records. Il a amassé de gros gains en tournoi avec une somme avoisinant les 9,5 millions d’euros. Il est resté invaincu pendant plus de dix mois en remportant cinq tournois consécutifs. De plus, Hendry est resté numéro un mondial pendant neuf saisons, a participé à 27 championnats du monde consécutifs et a réalisé le break le plus élevé (147) à 11 reprises. Son palmarès est tout aussi impressionnant : 18 tournois majeurs (7 fois Champion du Monde, 6 Masters, 5 UK Championship) et un total de 42 tournois remportés en carrière.
Les joueurs toujours en activité :
John Higgins, a débuté sa carrière professionnelle en 1992, à l’âge de 17 ans. Higgins a remporté à ce jour 55 tournois dont 9 victoires sur les tournois de la Triple couronne (4 fois Champion du Monde, 2 Masters, 3 UK Championship). Il a également réussi l’exploit de réaliser à huit reprises le break maximal de 147 en tournoi, le classant en troisième position après O’Sullivan et Hendry. Enfin, l’écossais a occupé la place de numéro 1 mondial au cours de sa carrière et à empocher environ 8,5 millions d’euros de gains en tournoi.
Ronnie O’Sullivan, considéré par ses pairs comme le joueur le plus talentueux de l’histoire du Snooker. Il devient également professionnel en 1992, à l’âge de 16 ans. Depuis, il a remporté 32 victoires en tournoi ranking dont 5 Championnats du monde, 7 Masters, 6 UK Championship. Au cours de ces tournois, il a amassé plus de 10,7 millions d’euros, ce qui constitue un record à l’heure actuelle. Enfin, O’Sullivan a pour surnom « The Rocket » (la fusée), puisqu’il a un jeu extrêmement rapide. En 1997, au premier tour des Championnats du monde il réalise le plus rapide break maximum en 5 minutes et 20 secondes. Il réalisera par la suite un total de 14 breaks maximum.
Mark Selby, professionnel depuis 1999, l’anglais occupe depuis déjà plusieurs années la place de numéro 1 mondial. A seulement 34 ans, Selby a déjà remporté 14 tournois ranking dont 8 tournois de la Triple couronne (3 titres de Champion du Monde, 3 Masters, 2 UK Championship). Ses gains en tournoi s’élèvent à environ 5,4 millions d’euros. En compétition, Selby a réalisé 4 breaks maximum.
En clair, le Snooker est un jeu regroupant tactique (trouver le bon dosage entre attaque et défense), patience (laisser l’adversaire se découvrir afin de réaliser des empochages faciles), force mentale (se remettre dans sa partie après des coups faciles ratés), concentration (en compétition les parties de Snooker durent entre deux et six heures) et ténacité (chaque joueur connaitra des hauts et des bas lors de parties, le vainqueur sera celui qui aura su garder la tête froide et en réagissant au bon moment).
Quelques Anecdotes sur le Snooker …
La finale des championnats du monde 1985 a été suivie par 18,5 millions de britanniques (un tiers de la population du Royaume-Uni), à titre de comparaison la finale de la Coupe du Monde de football 1998 a été suivie par 20,6 millions de téléspectateurs.
Joe Davis détient le record du nombre de titres aux Championnats du monde. Il a été 15 fois Champion du Monde entre 1927 et 1946.
Un match de Snooker dure entre deux et six heures en fonction des compétitions. La manche la plus longue lors d’un match officiel a duré 2 heures 3 minutes et 41 secondes lors d’un match opposant Fergal O’Brien à David Gilbert en 2017.
En 1997, Ronnie O’Sullivan réalise le plus rapide break maximum au cours des Championnats du monde. Il a réussi l’exploit d’empocher les 36 billes en seulement 5 minutes et 20 secondes (une moyenne de 9 secondes par bille). Cinq de ses quatorze 147 sont les cinq plus rapides de l’histoire.
Au contraire, le plus lent break maximum a été réalisé en 2016 par Fergal O’Brien. Il lui aura fallu 17 minutes et 42 secondes pour empocher toutes les billes.
Jamie Burnett, l’écossais a réussi l’exploit de réaliser un break de 148, en commençant la manche par une bille-libre (free-ball), c’est le seul à ce jour à l’avoir réussi.
Lors d’une partie d’entrainement en 2003, Adrian Gunnell a effectué trois breaks maximum.
Stephen Hendry détient plusieurs records :
est devenu le plus jeune champion du monde de Snooker en 1990, il avait 21 ans à l’époque.
a connu en 1991, la plus longue période d’invincibilité de l’histoire du Snooker, en remportant 36 matchs d’affilés (5 compétitions en 10 mois).
a participé à 27 Championnats du monde consécutifs entre 1986 et 2012.
possède le record de tournois ranking remportés. Au cours de sa carrière il en a remporté 36, huit de plus que Steve Davis, John Higgins et O’Sullivan qui en sont à 28.
Le premier joueur français à passer professionnel fut Yannick Poulain en 2004.
Le Snooker est le seul jeu de billard où il est possible de parier en direct sur les plateformes de paris sportifs.
Recommandations :
Pour aller plus loin, nous vous proposons différentes vidéos qui ont marqué l’histoire du Snooker :
Le plus rapide break maximum (147) réalisé par Ronnie O’Sullivan en 1997.
Vidéo qui date du 3 avril 2018, revenant sur le quatorzième 147 de O’Sullivan en compétition à l’Open de Chine.
La chaine Youtube Snooker Planet, revient sur les 50 plus beaux coups de Snooker pour l’année 2017.
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